Novembre 1987. Je viens de donner mon premier partiel de Résistance des Matériaux (RDM). Comme à mon habitude, après correction, je rends les copies aux étudiants, leur montre le corrigé en détail avec le barème de notation établi au demi-point. Après ça, logiquement, il n'y a aucune contestation possible.

 

Je rentre dans mon bureau avec la satisfaction du devoir bien accompli, commence à travailler et … on frappe à la porte. Une étudiante, que j'appellerai Albertine, s'introduit.

- Oui, Albertine, qu'est-ce qui vous arrive ?

- Monsieur, j'ai eu 7/20 à mon devoir !

 

Ah ! Elle n'a pas compris mon corrigé ! Voyons cela !

Je sors sa copie du tas et la regarde avec attention :

- Là vous avez fait faux, mais je vous ai compté quand même un demi point pour le raisonnement. Là : ok, mais vous avez oublié tel paramètre, donc ça vous fait 1, 5 point, Là : ...

J'épluche toute sa copie, vérifie qu'il n'y a pas d'erreur, recompte les points et tombe bien sur le total :

- Effectivement, ça vous fait 7/20. Il n'y a pas d'erreur !

 

Mais au lieu de me dire « merci » et de s'en aller, elle reste plantée à coté de moi.

Voyons, voyons ! Je suis peut-être allé un peu trop vite. Je vais reprendre les explications en décomposant bien !

Et me voilà reparti pour un tour … au ralenti cette fois !

Je remarque quand même qu'Albertine suit mes explications d'une oreille peu attentive.

Je continue cependant, et boucle le tout :

- Donc vous avez bien eu 7/20. Vous voyez, il n'y a pas d'erreur. Vous pourrez améliorer votre moyenne au prochain devoir. Il suffit de travailler !

Et je repose la copie sur le tas.

 

Mais mon Albertine reste pique plante !

Grrr ! Commence à me gaver celle là ! Surtout que je n'ai pas que ça à faire !

Donc je ne m'occupe plus d'elle et reprends mon travail là où j'en étais avant son arrivée.

Au bout d'une dizaine de minutes, je la perçois faire demi-tour et sortir discrètement.

 

Cette histoire me tarabustine, cependant. Au repas, j'en parle aux collègues. Ils partent d'un grand éclat de rire :

- T'as rien compris ! Le corrigé, elle s'en fout ! Elle attendait juste que tu fermes ton bureau à clé pour « arranger » sa note !

 

Bien sûr, ils m'ont tous juré que eux mêmes ne pratiquaient pas ce genre de « marchandage », mais que par contre, certains profs africains ….

Personne ne le saura jamais !

 

 

Il semblerait que cette « technique » était aussi très pratiquée au lycée, voire au collège, à ette époque.